vendredi 26 février 2016

Vers le Phare de Virginia Woolf

Critique de Vers le Phare de Virginia Woolf

Résumé :
Quatrième de couverture : Une soirée d'été sur une île au large de l'Écosse. Pôle de convergence des regards et des pensées, Mrs Ramsay exerce sur famille et amis un pouvoir de séduction quasi irrésistible. Un enfant rêve d'aller au Phare. L'expédition aura lieu un beau matin d'été, dix ans plus tard. Entretemps, mort et violence envahissent l'espace du récit. Au bouleversement de la famille Ramsay répond le chaos de la Première Guerre mondiale. La paix revenue, il ne reste plus aux survivants désemparés, désunis, qu'à reconstruire sur les ruines. Des bonheurs et des déchirements de son enfance, Virginia Woolf a fait la trame d'une œuvre poétique, lumineuse et poignante qui dit encore le long tourment de l'écriture et la brièveté de ses joies : visions fragiles, illuminations fugaces, «allumettes craquées à l'improviste dans le noir».
La famille Ramsay - un couple et leurs huit enfants - se construit autour de deux piliers : la mère et le père. Deux figures complexes traversées de questionnements et d'impressions profondes. Chaque personnage travaille intérieurement pour créer un quotidien routinier qui se développe sans heurts. Ainsi transparaît de la maisonnée une impression de paix mais sous la surface des foyers de tension rougeoient de temps à autre. Des personnages légèrement excentrés du noyau familial et pourtant constamment présent éclairent le tableau de leur regard et ajoutent au récit leurs propres enjeux personnels. Tout ce mouvement converge vers un horizon : le phare. Ce chemin que l'on souhaite parcourir ensemble est peut-être une métaphore de la vie. Y a-t-il une recette au bonheur? La joie peut-elle durer dans le temps? Faut-il sacrifier son individualité pour créer une harmonie familiale?

lundi 22 février 2016

La Marche de Radetzky de Joseph Roth

Critique de La Marche de Radetzky de Joseph Roth

Résumé :
Quatrième de couverture  : Sur le champ de bataille de Solferino, le sous-lieutenant von Trotta sauve la vie de l'empereur d'Autriche. Cet acte lui vaut d'être anobli. Arrachés à leur condition de paysans slovènes, les membres de la famille von Trotta voient leur destin bouleversé. Sur trois générations, l'auguste faveur se transforme en une malédiction irrémédiable... Un requiem sur la chute de la monarchie austro-hongroise.
Cette fresque sur trois générations débute à partir de la prouesse du grand-père Trotta, alors dans l'infanterie, qui préserve de justesse et en mettant en danger sa propre vie l'existence du jeune empereur. Ce haut fait d'armes est largement relayé comme un exploit de bravoure et vaut à son auteur d'être décoré de la plus haute distinction militaire, l'ordre de Marie-Thérèse. Par ailleurs le jeune sous-lieutenant Trotta entre dans la noblesse et prend pour nom "Joseph Trotta von Sipolje", plus tard il recevra même le titre de baron. Ses origines slovènes transparaissent encore dans la mention de "Sipolje" mais un fossé tacite s'est creusé entre lui et ses ancêtres. Sa descendance va alors amorcer un lent déclin. Le jeune empereur traverse le roman jusqu'à atteindre une vieillesse avancée, il semble être le symbole de l'Empire austro-hongrois tout entier qui se délite année après année. Ces deux échelles, celle de l'Empire et celle de la famille Trotta, marquent deux itinéraires parallèles qui se figurent l'un l'autre. Et c'est aussi la faillite d'une vision du monde, d'un rêve où des contrées de langues, de religions et d'ethnies différentes pourraient cohabiter sous une même bannière patriotique et identitaire.

samedi 20 février 2016

L'Ampleur du saccage de Kaoutar Harchi

Critique de L'Ampleur du saccage de Kaoutar Harchi

Résumé :
Quatrième de couverture  : Héritiers d'un effrayant geste collectif qui, trente ans plus tôt, a marqué leurs destins du sceau de la désespérance, quatre hommes liés par le souvenir d'un sacrilège traversent la Méditerranée pour connaître, sous le ciel algérien, l'ultime épisode de leur désastre. Sur un motif de tragédie antique, de crimes réitérés et d'impossible expiation, Kaoutar Harchi retrace, de la nuit d'une prison française  à la quête des origines sous les cieux de l'Algérie, la fable d'une humanité condamnée à s'entre déchirer dès lors que ceux qui la composent, interdits de parole ou ligotés par le refoulement de leur mémoire, s'avèrent incapables d'exorciser les démons qui gouvernent leur chair animale.
Arezki, Si Larbi, Ryeb, Riddah, quatre hommes, quatre focales à partir desquelles se développe le roman. Ils se cherchent, se reconnaissent, se rencontrent à nouveau sans jamais dévoiler ouvertement la nature intime de leur lien. Le lecteur est invité à comprendre, dans le creux des dialogues et dans des échanges faits surtout de silences, la clef de cette fraternité problématique. Leur drame se déroule entre la France et l'Algérie, plus que des cadres ces lieux sont des patries, des parents qui marquent leurs enfants de leurs propres histoires et imaginaires qu'ils soient imposés ou refoulés. La Méditerranée ne les sépare pas, elle les lie : tantôt appel à l'ailleurs, tantôt gouffre où s'abîmer la seule véritable alternative est la traversée pour partir à la source, pour chercher l'origine. Ces quatre voix sont comme les angles d'un carré dont le lecteur est appelé à trouver le centre. C'est donc une autre voix qu'il nous faudra entendre, mais parle-t-elle le même langage?