jeudi 19 juillet 2012

N'oubliez pas de vivre de Thibaut de Saint Pol

Critique de N'oubliez pas de vivre de Thibaut de Saint Pol

Résumé :
Quatrième de couverture : L'enfer des prépas. Travailler, exceller jusqu'à "oublier de vivre". Apprendre à tout connaître et ne plus rien savoir. De soi ni des autres.
Pensionnaire pendant ses deux années d'hypokhâgne et de khâgne dans un lycée de la banlieue parisienne, un jeune homme découvre avec stupéfaction les rouages d'un monde à part. Comme un enfant pris au piège, il cherche secrètement à rompre l'isolement. Un mot, un geste, un regard échangé avec Quentin, et c'est le début d'une amitié inavouable. Dans les couloirs des classes préparatoires, là où se forme l'élite de la nation, la souffrance est silencieuse.
Un premier roman d'apprentissage, d'angoisse et de douleur, qui révèle le talent et le style remarquables d'un nouvel auteur.
Le bac en poche, mention très bien cela va sans dire, le narrateur s'apprête à franchir un nouveau pas dans sa vie : il entre en classe préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Il est naturellement conscient que la voie qu'il a choisie est exigeante et difficile, cependant il est prêt à s'investir jusqu'au bout pour atteindre son but. Il fera des rencontres et construira même une magnifique histoire d'amitié. Mais le chemin de l'excellence n'est pas sans embûches... Et si il y avait un prix à payer?


Mon avis :
J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour ces élèves qui choisissent les classes préparatoires. Certes il existe des classes préparatoires tout à fait vivables et intéressantes mais d'autres sont de véritables paniers de crabes! Notre narrateur est tombé dans une CPGE où la compétition est certes présente mais où l'entraide est également quotidienne. Les cours sont denses et les méthodes d'apprentissage ressemblent étrangement à du gavage : aucune alternative il faut travailler dur et tout le temps car c'est le seul moyen de réussir.
Je me suis parfois reconnue dans le profil du narrateur qui a un but tout désigné pour lequel il se bat chaque jour. Il illustre parfaitement les valeurs de pugnacité, de l'effort et du travail. J'ai trouvé son univers de vie très aride voire traumatisant. Je pense notamment à cette pression constante qui fait que même se coucher provoque une montée de culpabilité car on sait pertinemment que dans les chambres d'à côté, la lumière du bureau est encore allumée. J'étais moi-même en tension à la lecture de cet ouvrage que j'ai terminé en moins de deux jours. Le jeune homme est obligé d'être efficace dans toutes ses actions, même le repos doit être intense pour mieux préparer les travaux à venir. Son seul réconfort est son ami Quentin ainsi que le chat de la concierge qui lui tient compagnie pratiquement chaque soir. Le narrateur se pose continuellement des questions : est-il justifié de sacrifier deux de ses plus belles années de jeunesse pour s'enfermer à travailler? Qu'en tirera-t-il de plus que les autres, ces étudiants qui profitent de la vie tout en menant leurs études? Entrer à l'ENS oui, mais si la vie s'arrêtait demain?
Cette amitié -  bien plus profonde et ambigüe qu'une amitié ordinaire - que le jeune homme noue avec Quentin m'a fortement touchée. Cette relation mêle les sentiments d'amour et de fraternité pour venir former quelque chose d'unique. Le cadre de leur rencontre et de leur vie, c'est-à-dire l'internat d'une classe préparatoire, fait qu'ils développent un lien extrêmement fort qui leur permet de se soutenir dans les périodes difficiles. Cependant ils demeurent des rivaux se présentant au même concours : il y a là quelque chose de profondément dérangeant qui laisse entrevoir une issue tragique.
J'ai véritablement apprécié évoluer au côté du narrateur pendant ses deux ans d'hypokhâgne et de khâgne. Je comprenais ses émotions à la veille d'un concours où durant les épreuves pour les avoir éprouvées quelquefois en tant qu'étudiante. On se sent conviés à un moment crucial de la vie de ce jeune homme en partageant l'horreur la plus profonde comme la joie viscérale de l'accomplissement le plus complet.
Je conseille cet ouvrage à tous ceux qui s'intéressent au milieu des classes préparatoires mais aussi à tous les curieux car il ne correspond absolument pas à une présentation de ce type d'études ou même à un plaidoyer pour attirer les nouveaux bacheliers. C'est un témoignage qui narre une réalité froide parfois fabuleuse et parfois tragique. L'intérêt qu'il y a à lire ce texte dépasse donc de loin l'attrait de sa valeur documentaire.
En ce qui me concerne je reste persuadée que ce milieu n'était pas fait pour moi, on a chacun nos façons de travailler et de s'épanouir dans la vie. Il n'y a pas de voies royales et parfois, il faut se dire que tous les chemins mènent à Rome! L'important est de trouver sa voie et de faire ce que l'on aime, la passion est le seul moteur de la réussite!

Du même auteur :
  •  Pavillon noir
  • À mon coeur défendant
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  • L'Éducation Sentimentale de Flaubert

2 commentaires:

  1. J'ai lu ce livre juste avant d'entrer en prépa, et ça m'avait beaucoup aidée. Le style est simple, la prépa est plutôt bien décrite, même si celle où il est allé semble très drastique.

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  2. J'ai très envie de le découvrir !

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