dimanche 18 décembre 2011

Nocturnes de Kazuo Ishiguro

Critique de Nocturnes de Kazuo Ishiguro

Résumé :
Quatrième de couverture : Des piazzas italiennes aux collines de Malvern, d'un appartement londonien à l'étage feutré d'un hôtel de Hollywood, voici des musiciens de rue, des stars déchues, tous en quête d'un nouveau mouvement à jouer. Si la musique demande des sacrifices, un saxophoniste doit-il accepter la chirurgie esthétique pour réussir? Faut-il qu'un crooner change d'existence pour retrouver le succès? Kazuo Ishiguro alterne humour et mélancolie pour nous conter le destin de passionnés. Les thèmes évoqués sont éternels : l'amour, la musique, le combat de chacun pour conserver intact le charme de la vie quand les espoirs s'émoussent.
Cinq nouvelles où s'entrecroisent des destins possédés par la musique. Des hommes et des femmes tous différents et à la fois si semblables cherchent à se faire leur petite place au soleil pour profiter un peu d'une vie qui leur passe entre les doigts. Ils sont venus d'horizons différents, alors que certains sont en quête de succès, d'autres l'ont déjà perdu. Autant d'histoires humaines qui réalisent des petits tableaux vivants... en musique!

Mon avis :
J'avais déjà apprécié deux romans de Kazuo Ishiguro, j'étais donc pressée de voir le travail de l'auteur avec un format plus court. Il n'y a pas dans ce recueil, une nouvelle en particulier qui m'a touchée plus que les autres, j'ai plutôt lu l'intégralité du livre comme un ensemble qui fait sens. L'auteur parvient à nous présenter des moments vécus par les personnages comme autant de tranches de vie, d'expériences marquantes.
Si les personnages qui interviennent ne sont pas les mêmes d'une nouvelle à l'autre il arrive qu'un caractère apparaisse dans plusieurs textes notamment Lindy Gardner, une figure du glamour connue uniquement comme étant la femme de Tony Gardner autrefois chanteur reconnu. De même certaines situations réapparaissent ici où là : un musicien de rue qui joue avec son orchestre sur une piazza italienne rencontre un ami ou entrevoit une personnalité. Un thème commun marque chacune des nouvelles : la musique. En effet, les personnages sont souvent des musiciens ou des amateurs de bonne musique. Chaque texte est imprégné par ces évocations sonores qui marquent une continuité entre les différents titres. L'architecture du recueil fait donc sens dans le regroupement de parcelles de vies qui semblent se rattacher à un même puzzle.
On entrevoit dans les textes plusieurs oppositions qui prennent racines dans des conceptions différentes de la musique. La figure du musicien de rue s'oppose ou tend à s'opposer à la figure de "crooner" ou de star hollywoodienne. De même il y a une tension palpable entre les personnages qui créent leurs propres compositions et ceux qui se contentent  de réaliser des reprises de chansons déjà connues. La musique est également peinte comme un élément présent naturellement au sein du quotidien : elle se joue au cœur des piazzas italiennes, dans les restaurants des villes pour accompagner les repas, lors d'une balade en montagne ou dans une chambre d'hôtel. La musique qui fait figure de rêve, de passeport pour l'impossible, se retrouve donc totalement rattachée au banal, à la routine. Cette dualité entre le rêve et la réalité, la raison et la passion est sans cesse perceptible au fil des textes.
Chaque nouvelle présente également beaucoup de solitaires qui s'éloignent des autres à cause de la musique ou au contraire parviennent à rencontrer autrui grâce à elle. Finalement ce fil conducteur nous permet d'explorer des individualités très différentes guidées par un désir similaire, celui de vivre porté par la musique. Ces nouvelles sont comme autant de petits airs qui sonnent étonnamment juste et nous permettent d'entrer facilement dans des univers teints de quotidien et d'extraordinaire.
Le sous-titre Cinq nouvelles de musique au crépuscule me semble bien choisi dans la mesure où ces nouvelles marquent de façon générale une partie de la vie des personnages qui touche à sa fin. Par exemple dans la première nouvelle, Tony Gardner décide de rompre avec sa femme pour donner à sa carrière un souffle nouveau, ce choix contestable représente la fin d'une période de vie. En grande partie, les personnages prennent donc un nouveau départ - bon ou mauvais - qui devrait leur assurer un changement à venir.
Grâce au format de la nouvelle Kazuo Ishiguro parvient à nous immerger rapidement dans le présent de ses personnages. L'ensemble est fluide et on a l'impression d'avancer régulièrement dans cette lecture. J'ai trouvé que les caractères étaient très vraisemblables et j'ai pris plaisir à les imaginer physiquement, à entrevoir leur caractère.

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Du même auteur :

Merci aux éditions Gallimard et leur collection Folio pour ce partenariat. Merci également au site internet Livraddict pour avoir assuré son organisation.

3 commentaires:

  1. Apparemment tu as plus aimé que Marmotte et moi. Mais je crois que ma conception de la musique et du musicien font que je n'ai pas du tout adhéré comme toi ; la trouvant là justement curieusement déformée par rapport à la réalité.
    Ravie de voir un avis aussi différent, cela dit.

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  2. Oh il a l'air très chouette ce livre ! En plus ça cause de musique, y'a des chances que ça me plaise.

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  3. A lire aussi, même si je n'ai pas trop aimé Un Artiste du monde flottant.
    Je pense que c'est le coté solitaire qui me plait, je suis sure que Ishiguro fait bien ressortir cela, comme d'hab!

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