Le Livre des choses perdues de John Connolly

Critique du Livre des choses perdues de John Connolly

Résumé : 

Quatrième de couverture : L’Europe est sur le point de basculer dans la guerre. Le jeune David est trop petit pour comprendre la politique, mais il n'en ressent pas moins l'inquiétude qui, chaque jour, mine un peu plus les traits de son père. Le garçon se retrouve livré à lui-même, seul avec Rose, celle qui a remplacé sa mère défunte. Mais un jour, la voix de cette dernière l'appelle, elle est là, toute proche, quelque part au fond du jardin, dans ce tronc creux qui, hier encore, n'était pas là... Et voilà David aspiré dans un autre monde, peuplé de créatures tout droit sorties des contes qu'il lit à longueur de journée. Un lieu magique et violent où, au détour de chaque chemin, le guette un danger qu'il doit affronter s'il veut un jour rentrer chez lui.

David doit affronter avec son père la douloureuse disparition de sa mère avec qui il entretenait une relation privilégiée. Très tôt, un autre femme viendra compliquer davantage l'équation familiale en mettant au monde Georgie : désormais David a un demi-frère. De plus en plus le quotidien se fait pesant, le garçon commence à être sujet à des crises très étranges qui s'intensifient. Il entend également les livres murmurer et doit assister à des rendez-vous avec un psychiatre. Les relations entre lui et son entourage sont systématiquement tendues alors que dehors, la seconde guerre mondiale se prépare à faire rage. Tout naturellement cette famille recomposée décide de s'installer dans un lieu campagnard et excentré, chez Rose. Nouveau changement brutal qui provoque un tournant à 180° degrés dans l'univers de l'enfant. Et c'est précisément dans ce contexte là qu'il sera amené à découvrir un autre monde, tout droit sorti de nos contes de fées cauchemardesques.

Mon avis :

Je ne suis pas spécialement une lectrice assidue de fantastique mais j'ai lu ce livre dans le cadre de mon club de lecture Lire à Montpellier. Pour ce mois de Halloween nous avions décidé de choisir un thème qui se rapproche du fantastique et de l'horreur. Je n'ai absolument pas été déçue par ce livre qui m'a transportée efficacement dans un univers très intéressant. Généralement j'apprécie ce type de lectures car elles me permettent de m'évader totalement du quotidien, de plus elles sont souvent très prenantes. C'est exactement ce que j'ai ressenti à la lecture du Livre des choses perdues.

L'auteur a pris un soin tout particulier, semble-t-il à l'enchaînement des événements. Je n'ai pas été confrontée une seule fois à un temps mort ce qui m'a permis de tourner la dernière page assez rapidement. Comme dans un récit d'aventure les péripéties s'enchaînent facilement. Un suspense est également entretenu sur toute une série de faits ce qui amène le lecteur à vouloir rapidement connaître la clé de chacune des énigmes.

Il y a également le thème récurrent du conte qui est omniprésent dans le texte. John Connolly s'essaie d'ailleurs à une réécriture de certains d'entre eux. Ainsi Le Petit Chaperon Rouge, Blanche-Neige et les Sept Nains ou encore Hansel et Gretel sont pervertis sans ménagement. Le livre nous amène dès lors à reconsidérer l’essence du conte. Peut-il être proposé à l'éducation des enfants? Depuis la nuit des temps, il semble que la vocation suprême du conte soit d'être réécrit et adapté. Si les versions anciennes des contes étaient très violentes et sans concessions, on trouve aujourd'hui dans le marché de nombreuses versions allégées et simplifiées. C'est dans cet ordre d'idée que John Connolly s'attache minutieusement à détruire chaque stéréotype attaché au conte : la blanche neige ravissante et timorée devient alors une femme tyrannique et obèse; le preux chevalier entretient une passion amoureuse très courtoise pour un homme et le roi corrompu, dénué de tout pouvoir, semble n'avoir pour seule fonction que de se friper sur son trône.

J'ai trouvé que l'univers de ce livre pourrait gagner à être adapté au cinéma. En effet, beaucoup de scènes sont très visuelles et l'action tellement ficelée qu'il ne devrait pas être très difficile de retransmettre le fil narratif à l'écran. L'ouvrage m'a d'ailleurs rappelé le film Le Labyrinthe de Pan réalisé par Guillermo Del Toro et sorti en salles en 2006.

Une autre des forces du livre réside dans son originalité. Certains faits et passages sont très stéréotypés, par exemple le fait qu'un enfant ou une bande d'enfants découvrent un univers magique et différent est devenu un topos du genre par exemple avec des succès comme Le Monde de Narnia de C. S. Lewis ou la saga Harry Potter de J. K. Rowling. On trouve également d'anciennes créatures mythiques comme les Sires-Loups, personnages inspirés du Loup-Garou traditionnel ou encore le vampire féminin déjà présent dans les écrits de Sheridan Le Fanu (1814 - 1873). Même la trame narrative est directement inspirée du roman de chevalerie du Moyen-Âge : le jeune écuyer entame un voyage en forêt pour aller au devant d'une quête imprécise et réalise de nombreux exploits qui viendront compléter sa geste jusqu'à l'adoubement final. Malgré cet ancrage profond dans la littérature antérieure, l'auteur parvient à rester cependant très original. Il donne vie à des créatures inédites comme les Enfants-Fleurs et arrive même à orchestrer un amour impossible entre deux chevaliers épris l'un de l'autre.

C'est toute cette combinaison qui a su m'immerger dans le récit dès les premières phrases et j'ai été véritablement conquise! En espérant très vite renouveler l'expérience.

Du même auteur :

• Les Portes
• Saga Charlie Parker

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