Résumé:
Cette œuvre de Mme de La Fayette est très courte (environ une vingtaine de pages) ce qui explique que souvent elle soit publiée avec un autre de ses textes comme La Princesse de Clèves ou La Princesse de Montpensier. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faut considérer ce titre comme un texte de seconde zone et il mérite également qu'on s'y attarde.
En effet, La Comtesse de Tende est un récit bien plus noir que La Princesse de Clèves. Mlle Strozzi qui est une belle jeune fille, se marie avec le comte de Tende car ce dernier est un parti intéressant. Cependant, le comte de Tende qui la considère alors comme une petite naïve sans expérience la trompe avec de nombreuses femmes. Ainsi leur relation mari/épouse se dégrade sensiblement jusqu'à ce qu'ils décident tacitement de s'ignorer. Mais d'année en année, la comtesse de Tende devient de plus en plus belle, son mari commence alors à la regarder mais malheureusement, il n'est plus le seul. Le chevalier de Navarre nourrit alors pour elle une violente passion et la comtesse ne parvient pas à y résister et lui accorde bien plus que ce que la vertu peut tolérer...
Ce récit m'a extrêmement touchée mais pas de la même façon qu'aurait pu le faire La Princesse de Clèves. Déjà le texte est court donc nécessairement l'intrigue est concentrée sur quelques pages seulement. De là vient notre sentiment d'être emportés dans un tourbillon qui semble ne pas pouvoir s'arrêter. Les événements s'enchaînent comme s'ils avaient été savamment orchestrés par la fatalité ce qui ne manque pas de rappeler les procédés de la tragédie grecque.
En très peu de pages, Mme de La Fayette nous peint un tableau tragique de la cour et nous montre sans ambages le caractère destructeurs de certains actes aujourd'hui considérés comme anodins. Le lecteur actuel devra faire un petit effort pour se plonger dans les mœurs du siècle car sans cette adaptation il pourra facilement être dépaysé et ne pas comprendre les enjeux du texte.
On constate toujours l'omniprésence de la dichotomie de l'être et de paraître qui est l'un des topos des intrigues de Mme de La Fayette. Cette "double personnalité" des personnages les conduit toujours à une issue funeste et ici La Comtesse de Tende ne déroge absolument pas à la règle!
Je pense que la lecture de ce texte peut être une bonne entrée dans les livres de Mme de La Fayette et je le conseille aussi à tous les lecteurs qui auraient aimé (ou non) La Princesse de Clèves.
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