Résumé :
Quatrième de couverture : Charlie et son copain vivent une époque trouble, celle de la montée d’un régime politique extrême : l’Etat brun.
Dans la vie, ils vont d’une façon bien ordinaire : entre bière et belote. Ni des héros, ni des purs salauds. Simplement, pour éviter les ennuis, ils détournent les yeux.
Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d’entre nous ?
Deux garçons vivent tranquillement, et s’accommodent sans trop se poser de questions des décrets de l’Etat brun. On exige que tous les chats soient bruns ? Bon, il n’y a qu’à faire se débarrasser du chat de la maison pour le remplacer par un brun… Faut-il faire de même avec les chiens ? Qu’à cela ne tienne, on répète la même manœuvre. Mais jusqu’où tout ça peut-il aller ? L’Etat ne finira-t-il pas par demander de ne garder en vie que les gens bruns ?
Ce livre est très court, le texte en lui-même n’occupe que neuf pages et se lit très vite. Mais ce n’est pas pour autant que Matin brun peut se qualifier d’œuvre légère, au contraire. En effet, l’histoire a finalement une très grande force.
L’auteur nous place immédiatement dans l’intrigue en compagnie de ses deux personnages, « Charlie » et le narrateur qui est son ami. On assiste à leurs conversations journalières et à priori banales. Ces personnages ne sont pratiquement pas décrits et de cette façon le lecteur sait directement qu’il a affaire à des anonymes qui pourraient représenter chacun d’entre-nous.
Au fil des jours le couple d’amis discute des nouvelles mesures nationales qui restreignent leur liberté petit à petit. En effet, tout ce qui n’est pas brun tend de plus en plus à disparaître. Mais bon… Finalement la vie suit son cours. Nos deux garçons ne semblent pas tellement y attacher d’importance et ils se conforment aux prérogatives étatiques. Tout cela nous fait étrangement penser à des faits historiques de collaboration. Car où s’enracine une dictature ? Dans le peuple qui la soutient, explicitement ou implicitement. Il ne faut jamais oublier que s’accommoder c’est participer. De plus, les régimes totalitaires se construisent progressivement par des avancées calculées, d’abord on instaure ceci, ce qui nous conduit à instaurer cela etc. Dans ce cadre la masse « inerte » de la majorité des gens avance de manœuvre en manœuvre sans se rendre compte de la dérive. C’est précisément ce schéma là que Franck Pavloff veut dénoncer dans son texte. Seul l’esprit critique peut nous garder de tels comportements et ça l’auteur l’a bien compris car avant tout, rappelons qu’une façon efficace de développer l’esprit critique consiste à la multiplication des lectures… !
Pour information, j’ai personnellement reçu ce livre dans le cadre d’une opération menée par la Région Languedoc-Roussillon auprès des lycéens qui consistait à distribuer ce livre gratuitement lors de la remise des livres scolaires. C’est en effet un bon moyen de sensibiliser la jeunesse à ces problématiques et à la lutte contre les discriminations de toute nature. Sinon vous pouvez bien sur vous procurer ce livre dans votre librairie au prix symbolique de 1 euro.
Ce livre nous rappelle aussi ce célèbre poème écrit à Dachau par le Pasteur Martin Niemöller:
"Je n’ai rien dit...
- Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit…
- Je n'étais pas communiste.
- Quand ils sont venus chercher les syndicalistes
- je n'ai rien dit
- je n’étais pas syndicaliste
- quand ils sont venus chercher les juifs
- je n'ai rien dit
- je n’étais pas juif
- quand ils sont venus chercher les catholiques
- je n'ai rien dit
- je n’étais pas catholique
- Puis ils sont venus me chercher
- Et il ne restait plus personne pour protester. "
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Une amie bibliothécaire me l'a offert pour noël. J'ai vraiment beaucoup aimé !
RépondreSupprimerComment expliquer le Narrateur SVP ?
RépondreSupprimerQu'elle est le niveau de langage utilisé ?
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