vendredi 20 mai 2011

Tsiganes de Jan Yoors

Critique de Tsiganes de Jan Yoors

Résumé :
Quatrième de couverture : Dans une ville de Flandres de l’entre-deux guerre, un gosse de douze ans observe un campement de nomades. Il y rencontre d’autres enfants, sympathise, oublie l’heure et disparaît pendant six mois. Quand il revient, c’est pour annoncer à ses parents qu’il part sur la route avec des dresseurs de chevaux, vivre avec eux la fraternité du voyage, les itinéraires secrets, et partager les hérissons grillés au coin du feu. Chose incroyable, sa famille accepte. C’est cette histoire, la sienne, que Jan Yoors raconte, dans ce qui est devenu un bréviaire de l’insoumission et un témoignage inespéré sur la culture de tout un peuple : un peuple affamé de liberté, fascinant et pourtant tellement méconnu.

« Tsiganes est le livre le plus concret et le plus visuel jamais écrit sur les Tsiganes… Un récit miracle où la réalité la plus exacte, la plus nue, semble battre au rythme même de la légende. » JACQUES MEUNIER
Dans ce livre, Jan Yoors nous transmet son expérience de façon très réaliste. Car à peine enfant, il a déjà adopté un regard de détail sur le monde qui l’entoure. Il est capable de décrire très minutieusement ce qu’il voit sans pour autant tomber dans l’interprétation ethnocentrique des faits. C’est justement un don remarquable dans le cadre d’un tel texte. De plus Jan Yoors qui a été agent de liaison entre les tsiganes et les Forces Alliées pendant la Seconde Guerre mondiale a véritablement vécu de très longues années au sein du peuple qu’il décrit. Considéré comme un tsigane il parle même le romani et se voit proposer un mariage avec une tsigane.
Le fait que l’auteur ait réellement vécu cette vie fait qu’immanquablement son témoignage possède une valeur de vérité incontestable. D’ailleurs il surpasse de loin toutes les affabulations sur ce peuple pondues jusqu’alors. Une question se pose donc, cher lecteur, es-tu prêt à être emporté dans le tourbillon de la poussière des chemins, sur les talons des roulottes de ce peuple mythique ?

Mon avis :
Quand j’ai vu ce livre en librairie, je l’ai immédiatement acheté car j’adore les histoires de voyages et de vie nomade. Je n’ai pas été déçue ! On lit ce témoignage des expériences d’un homme comme un roman tellement l’histoire est magnifique et à couper le souffle. Attiré par la vie nomade et par les tsiganes, Jan Yoors quitte sa famille et son confort pour vivre avec les Rom lovara qui sont des tsiganes éleveurs de chevaux. Au sein de cette grande famille il découvre la fraternité, le plaisir de la vie en communauté et l’amour de la nature et du voyage. L’enfant grandit alors très vite et deviens rapidement un homme.
Comme un vrai tsigane il parle le Romani et est rapidement initié aux coutumes du peuple. Son mentor qui devient presque son père, Pulika, lui apprend tout de la vie. Il lui explique les secrets des lignes de la main, les astuces pour retrouver son chemin et nombre de ces trésors cachés, gardés jalousement hors de la connaissance des « gadje » (les non-tsiganes). Malgré ses cheveux blonds, l’auteur s’intègre donc parfaitement dans la communauté et même les membres réticents finissent par l’accepter comme l’un des leurs.
Ce qui fait toute la puissance de ce texte c’est précisément le fait que Jan Yoors aie lui-même été un tsigane. Ainsi on entre véritablement dans l’intimité des gitans et caché derrière notre livre, on se surprend à rêver de voyager sur les routes de poussière sur le cahot des pierres. On devient alors la jeune fille à la peau brune qui galope dans le vent alors que ses longues tresses noires battent son dos comme des serpents qui dansent. On devient la vielle femme qui rumine ses souvenirs de tous les pays au coin du feu et ces dizaines de garçonnets qui courent pieds nus en riant autour  de campement. Toutes ces impressions sont mises en relief par l’écriture elle-même qui est très poétique et s’attache vivement à peindre l’homme en harmonie avec la nature.
Mais une menace semble peser sur cette réalité rêvée : la guerre. Les tsiganes doivent échapper aux contrôles et sont sans cesse menacés par la déportation. Plus que jamais ils sont traqués et poursuivis. Mais pas même la connerie humaine, si puissante qu’elle soit, ne pourra triompher d’un amour sincère et sans compromis de la liberté. Ainsi malgré toutes les douleurs, malgré toutes les pertes, aujourd’hui encore le peuple tsigane imprime sa trace sur nos routes. Puisse-t-elle ne s’effacer jamais.

Vous aimerez peut-être aussi:
  • Le guitariste nomade de Miguel Haler
Du même auteur:
  • La Croisée des chemins (la guerre secrète des Tsiganes 1940 - 1944)

4 commentaires:

  1. Je te conseille également "Petite allume un feu" de Martin Smaus également.

    RépondreSupprimer
  2. J'ai aimé ce récit. Mais Jan Yoors aurait sans doute moins apprécié la vie avec les Rom s'il avait été une fille et non un garçon...

    RépondreSupprimer
  3. @Schlabaya : tu as toute à fait raison. Mais je me refuse à monter sur mes grand chevaux occidentaux pour critiquer cet aspect là de la société Rom, parce que je pense qu'ici la situation est similaire sinon pire.

    RépondreSupprimer
  4. Je n'ait pas lu ce livre mais bon. j'aimerai bien qu'un jour il n'y ait plus de problèmes en france avec eux car en tant que roumain, ils nous ont fait une très mauvaise image car les gens les associes à nous. Cependant ils ont toujours existé et ils vont toujours exister.
    Allez passez une belle journée XD

    RépondreSupprimer