Quatrième de couverture : Dans le village isolé où il est élevé par la vieille Onui, la maîtresse de son arrière-grand-père, le jeune Kôsaku grandit. Sous forme de courtes scènes, enchâssées dans le récit comme autant de joyaux, voici tout le Japon traditionnel du début du siècle qui revit devant nous : ses fêtes paysannes, ses coutumes méconnues, telles que les voit et les vit un enfant au seuil de l'adolescence.
A travers l'histoire de Kôsaku - la sienne en fait -, si particulière et qu'il sait pourtant rendre universelle, Yasushi Inoué nous raconte notre entrée à tous dans la vie adulte, avec ses joies, ses peines, ses surprises, ses déceptions, ses larmes et ses rires...
Dans le village de Yu-Ga-Shima, Kôsaku un garçon studieux et calme prépare son examen d'entrée au collège. Il vit dans une petite maison sombre avec Onui, une vieille qu'il considère comme sa grand-mère. Les jours se suivent : il joue avec les garçons de son âge, rencontre les filles et l'amour. Au fur et à mesure qu'il grandit, sa grand-mère se tasse un peu plus. Kôsaku suit la classe, va rendre visite à pied à la famille dans d'autres villages et étudie le soir avec un professeur. L'enfant traverse les épreuves de la vie avec une indifférence de jeunesse mais elles s'installeront en lui pour ne jamais plus le quitter. Son professeur, Inukaï, souffre de dépression et menace de sauter d'une falaise en sa présence ; sa grand-mère vieillit et l'enfant devient petit à petit un homme. Jusqu'au jour où sa mère, Nanae revient au village et que sa famille l'emmène en ville pour qu'il y passe son examen. C'est paradoxalement alors qu'il retrouve ses parents que son enfance s'achève.
Mon avis :
Kôsaku raconte la construction d'un homme. Grâce à un récit tout en pudeur, l'auteur nous dresse efficacement le portrait de son personnage et de son époque. Différents tableaux se succèdent et se complètent pour présenter au lecteur une image très convaincante et criante de vérité qui semble refléter un aspect universel du chemin de l'enfance vers l'adolescence.
Entre passé et présent, l'enfant doit trouver sa place. Doit-il rester avec la vieille Onui, ce personnage presque emblématique mais qui ne cesse de décliner de jours en jours, ou rejoindre sa mère en ville? Pas tout à fait enfant et pas tout à fait adulte, Kôsaku se trouve dans l'âge difficile au sein duquel il faut accepter de briser le cocon et se mettre en marche vers l'inconnu. Les scènes de la vie quotidienne font petit à petit de lui un homme : il défend la jeune Akiko que les garçons du village brutalisent, il tente de comprendre la maladie d'Inukaï son professeur et il est contraint d'affronter la vérité : la lumière d'Onui s'éteint peu à peu.
La routine des jours cache également des problèmes universels : que penser du car qui va progressivement faire disparaître la voiture à cheval? Et que penser de Yamaguchi Heiichi, qui revient au village en guenilles d'ouvrier alors qu'il fut autrefois le meilleur élève de l'école? L'enfant des campagnes, brun de soleil, a-t-il un avenir parmi les visages pâles de la ville? Ces questions humaines que l'ouvrage nous pose sont d'autant plus importantes aujourd'hui alors que la ville, royaume vide et pollué, détruit petit à petit tout ce qui se trouve autour de lui. La réalité nous montre aussi chaque jour que le travail et le mérite ne font pas tout et que bien souvent c'est la naissance qui détermine si on sera homme à ouvrir la bouche ou homme à creuser la terre. Finalement la plus dérangeante des questions que nous pose le livre est très simple : Kôsaku, enfant de village plein de principes, de courage et de persévérance, qu'es-tu devenu?
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Merci aux éditions Gallimard et leur collection Folio pour ce partenariat. Merci également au site internet Livraddict pour avoir assuré son organisation.
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