dimanche 2 octobre 2011

Huit Saisons de Justin Cronin

Critique de Huit Saisons de Justin Cronin

Résumé :
Quatrième de couverture : Huit Saisons, huit nouvelles qui, en fait, constituent un roman. L'histoire d'une famille dont chaque membre va son chemin : les études, le travail, le mariage, les enfants... Mais, chez Justin Cronin, ce n'est jamais un chemin facile, car chacun a son secret : un amour qui n'ose pas se déclarer, une grave maladie qu'on tente de cacher, un drame vécu autrefois qui revient vous hanter... Sous l'apparente banalité des jours et des destins, sous le tissu protecteur de l'affection et de l'entraide, se dissimulent bien des angoisses et des détresses.
Huit saisons raconte, de novembre 1979 jusqu'à septembre 2000, la vie d'une famille. Les personnages glissent sur le temps, ils vivent, se construisent et meurent au rythme des années qui s'enchaînent. Certains problèmes émergent et son résolus. D'autres sont oubliés progressivement et s'émoussent au fur et à mesure que les expériences se recouvrent de la poussière de l'âge. La maison est vendue, les enfants remplacent les parents et persistent à naviguer sur un fleuve tranquille percé de petits rochers qui émergent à la surface ici ou là, périodiquement. Huit saisons n'est pas un récit qui se déroule, c'est un récit qui se répète, de générations en générations.

Mon avis :
"Personne ne voit jamais rien, mais ça arrive. Parce que, tout à coup, dirait-on, les bois ont perdu leurs feuilles". La citation liminaire de John Updike issue de son ouvrage Automne pourrait bien résumer les impressions que l'on a à la lecture de Huit Saisons de Justin Cronin. En effet, les pages se succèdent et peu à peu, sans transition brute, tout à fait progressivement, le lecteur se rend compte que les enfants ont succédé aux parents. Le récit s'étale sur trois générations, qui sont à la fois très semblables et très différentes.
On peut remarquer de multiples fils conducteurs qui parcourent le récit comme la naissance, l'amour, la maladie ou encore la mort. Les relations se nouent et se dénouent naturellement sans ruptures brutales et même l'inattendu semble prémédité. Dans ce livre, il n'y a pas de coup de théâtre, de retournement de situation ou de péripétie romanesque il n'y a qu'un train qui avance de terminus en terminus sans jamais sortir de ses rails. Le lecteur se sent doucement guidé d'années en années, assis côté fenêtre, il regarde le paysage duquel lui parviennent quelques échos d'émotions atténués par le double-vitrage. 
La construction du livre repose sur les canoniques "grandes étapes de la vie" : se marier, avoir un enfant, perdre ses parents, vendre sa maison d'enfance, commettre son premier adultère, atteindre la cinquantaine etc. Les huit nouvelles/chapitres sont souvent axées sur l'une ou l'autre de ces étapes de la vie. Ce qui est intéressant c'est que peu  à peu les enfants reproduisent les actes des parents ou sont confrontés à des situations similaires. Dans cet ordre d'idée, je trouve très intéressante la traduction du titre original du livre Mary and O'Neil qui est devenu en français Huit Saisons alors que la traduction littérale est Mary et O'Neil. En effet, ce choix illustre le sentiment de répétition que l'on peut ressentir à la lecture du livre. Huit saisons c'est en réalité deux ans donc deux fois le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. Cette répétition présente dans le titre pourrait symboliser les deux générations du livre qui se succèdent... et se ressemblent. Cette redite s'articule autour de situations banales et stéréotypées telles que l'adultère ce qui contribue à ancrer le récit dans le réel et à le rendre vraisemblable.
Le récit est confiné à la sphère familiale, il ne s'aventure que très rarement dans l'ailleurs. L'auteur a choisi d'utiliser plusieurs narrateurs différents selon les parties de son livre. Chacun d'eux appartient à la même famille, il est soit le père, soit la tante, soit le grand-père, soit la fille : la narration elle-même évolue en terrain balisé. On peut même dire qu'elle se transmet finalement de générations en générations. Ce procédé particulier provoque un sentiment ambivalent, on a l'impression d'être à la fois intrus et invité. On se sent d'abord intrus parce que l'on s’immisce dans un clan qui n'est pas le notre et ensuite invité car les narrateurs nous disent uniquement ce qu'ils veulent bien nous dire. J'ai eu l'impression d'être invoquée comme observateur, comme témoin qui peut juger et compatir. 
Finalement Huit Saisons n'est peut-être pas un de ces livres qui changent des vies mais il a le mérite de déconnecter le lecteur de son quotidien comme durant un voyage en train.

Du même auteur :
  • Quand revient l'été
  • Le passage
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Merci aux éditions Le Livre de Poche pour ce partenariat. Merci également au site internet Livraddict pour avoir assuré son organisation. 

6 commentaires:

  1. En effet, c'est intéressant de voir l'avis des autres! J'aime bien ton article, il reflète bien le livre.

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  2. lire le quotidien risque de m'ennuyer

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  3. J'ai beaucoup aimé ce roman, ce recueil de nouvelles qui n'en est pas vraiment un. L'image est belle : c'est vrai, le lecteur est un peu comme assis dans un wagon, et durant ce voyage en train il observe la vie de cette famille qui passe devant ses yeux, touché ici et là par la beauté d'un moment de vie.

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  4. Je prends ce livre en note, car je me prépare une liste de choix potentiellement intéressant. Ensuite, viendra une seconde sélection. J’ai un projet : monter une bibliothèque très variée et pour tous les goûts... j’ai la famille à combler.

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  5. Oh ça a l'air vraiment sympathique, je note le titre ! En tout cas, la couverture est tout simplement sublime !

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  6. Ton avis est vraiment bien construit.
    J'avais vraiment aimé me plonger dans ce roman! J'ai trouvé l'écriture belle, les transitions de générations bien faites et les personnages quelque peu attachant :)

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