vendredi 11 novembre 2011

Ces corps vils d'Evelyn Waugh

Critique de Ces corps vils d'Evelyn Waugh

Résumé :
Quatrième de couverture : Avec une plume tout à la fois enjouée et féroce, Waugh dépeint dans ce roman, qui lui valut une gloire teinte de scandale, la folle jeunesse dorée de l'Angleterre des années 30. Soirées d'ivresse, de luxure et de travestissements, réceptions huppées autant que ridicules, bals comiques en Écosse ou ignobles à Paris, c'est toute l'insoutenable - et ici frénétique - légèreté des êtres que Waugh - en bon catholique - fustige avec une drôlerie sans pareille. On en redemande !
Le lecteur est invité à suivre ici toute une foule de personnages à travers un quotidien mené à toute allure. Ça se bouscule et ça s'empresse de se jeter dans le tourbillon du monde. L'action est frénétique et chaque dialogue semble être échangé avec précipitation. Dans un tel climat difficile de trouver ses marques, en effet tout est éphémère et ce qui était vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Entrer efficacement dans un tel roman peut sembler relever, dans un premier temps, d'une épreuve d'extrême concentration : il faut tout saisir, tenter de relier des éléments qui en apparence n'ont rien à voir entre eux ou encore tenter d'assimiler la foule de personnages qui gravitent autour de l'intrigue. Disons pour finir que pour déguster cette lecture : "rien ne sert de courir ; il faut partir à point"!

Mon avis :
J'ai été surprise de voir dans le paratexte du livre qu'Evelyn Waugh était un auteur connu mondialement puisque je n'en avais jamais entendu parler! Je me suis dit que certainement la lecture de ce livre pouvait être une intéressante porte d'entrée dans son univers fin et satirique.
De prime abord j'ai été très surprise par l'incipit in medias res qui nous plonge directement dans un univers obscur et chamboulé. On entre dans le roman en plein milieu d'une traversée en bateau : les personnages sont excités et presque hystériques. Dans un tel cadre, difficile de suivre des conversations interrompues et une narration qui s'attache à décrire des détails alors que l'ambiance générale est floue. La présentation que fait l'auteur des situations et des personnages nous paraît totalement illogique dans la mesure où parfois des caractères secondaires sont décris avec précision alors que les personnages principaux sont vagues et imprécis. Ainsi jeté sans ménagement dans un univers perturbé, froid et enfiévré, le lecteur ne doit compter que sur lui-même s'il veut trouver des repères!
Passé la surprise des débuts j'ai pris beaucoup de plaisir à déguster  l'humour de l'auteur qui s'est avéré tout à fait délicieux. Le comique est omniprésent et prend plusieurs formes : l'ironique, le satirique, le comique de situation... Ce savant cocktail permet un récit animé qui passe de confus à diablement vivant. Certains dialogues sont finement articulés et impossible de ne pas rire quand on est confronté au père vieillissant de Nina, tout à fait snob mais totalement gaga (sauf quand il s'agit d'argent). En ce qui me concerne j'ai trouvé que l'humour était un gros point fort du récit et c'est grâce à ce fil rouge que je suis parvenue à déguster cette lecture pas forcément facile à aborder.
En effet l'intrigue semble parfois confuse. L'auteur ne prend pas le temps de guider le lecteur de jour en jour ce qui donne un sentiment de course effrénée à travers le temps. La chronologie devient alors très difficile à saisir, on a même parfois du mal à déterminer s'il fait jour ou s'il fait nuit. Notons que l'auteur, dans une note liminaire à son ouvrage fait référence à ce problème et essaie de nous donner davantage de précisions temporelles. Le souci est qu'elles se trouvent en début d'ouvrage, les éléments cités nous sont donc inconnus. Peut-être que ces précisions auraient été bienvenues saupoudrées au fil des événements ; mais il y a des chances pour que l'impression de confusion aie été voulue et orchestrée par l'auteur pour dépeindre le non-sens fondamental  du quotidien des ces jeunes des années 30 en Angleterre.
Je pense finalement que l'important quand on lit Ces corps vils, c'est de prendre son temps. J'ai lu les chapitres au compte-goutte et je n'ai pas hésité à commencer d'autre lectures en parallèle ce qui m'a permis d'avoir un autre rapport au livre. En effet, l'écriture d'Evelyn Waugh est très dense, je pense qu'elle nécessite - pour être appréciée - une grande concentration. Ce n'est pas un roman qui s'achève en un jour et l'univers est tellement travaillé que le lecteur peut tout à fait passer momentanément à autre chose tout en se replongeant facilement dans le texte par la suite.
En résumé, si mes débuts avec Evelyn Waugh étaient un peu laborieux, j'ai par la suite pris énormément de plaisir à suivre ces personnages fantasques et cette intrigue délirante! Je suis finalement très surprise par ce coup de cœur et très pressée de découvrir les autres ouvrages de l'auteur!

Du même auteur :
  • Grandeur et décadence
  • Retour à Brideshead
  • Le cher disparu
  • Une poignée de cendres
Vous aimerez peut-être aussi :
  • Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald
Merci aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat. Merci également au site internet Livraddict pour avoir assuré son organisation. 

2 commentaires:

  1. C'est en effet un nom qui ne me dit pas grand chose non plus...
    Mais j'aime les romans qui sortent de l'ordinaire, surtout quand c'est fait avec humour. Donc, si j'ai bien compris, je peux me lancer, à condition de diluer la lecture dans un grand verre d'autre chose?

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  2. Tout à fait! Si tu te sens une affinité avec le sujet je te conseille de foncer les yeux fermés!

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