mardi 7 juin 2011

Le Roman Comique de Scarron

Critique du Roman Comique de Scarron

Résumé :
Quatrième de couverture : Le Roman comique, c'est le roman des comédiens, d'une troupe de comédiens ambulants qui circulent en charrette, jouent où ils peuvent, couchent où ils peuvent et se nomment le Destin, la Rancune, Mademoiselle de l'Étoile ou Mademoiselle de la Caverne. Aventures d'auberges, aventures de tripots, aventures qui se greffent sur l'aventure, ainsi celle de « l'amante invisible » racontée par Ragotin, « petit homme veuf d'une petite femme, qui avait une petite charge dans une petite juridiction voisine » et « assez mauvais poète pour être étouffé s'il y avait une police dans le royaume ». « Scarron est l'Homère de l'école bouffonne », écrivait Théophile Gautier. Giono parlait d'un « livre extraordinaire de style », d'« un art d'une couleur magique », et Diderot disait que, contre les « vapeurs » et la neurasthénie, il n'y avait pas meilleure tisane que quatre chapitres de Don Quichotte et un paragraphe bien choisi de Rabelais infusés dans huit à dix pages du Roman comique.
Le Roman Comique débute avec l’arrivée d’une troupe de comédiens dans la ville du Mans. A partir de là, le lecteur va suivre chaque mouvement de ces hommes et de ces femmes pour devenir le complice de leurs aventures. Nous serons témoins de leurs joies comme de leurs peines, de leurs pitreries et nous écouterons même les histoires qu’ils se racontent au coin du feu.
Dans cette œuvre majeure du XVIIème siècle, le lecteur semble être accepté comme complice et compagnon de voyage. Ragotin, le petit homme ridicule et insignifiant de la bande, celui qui veut devenir comédien et courtiser les femmes nous amuse avec ses chutes de cheval totalement délirantes et tous les malheurs qui lui tombent dessus. Malheureusement ce livre est resté inachevé car Scarron est mort avant de l’avoir fini. Cependant de nombreux auteurs se sont alors essayés à rédiger des suites apocryphes qui achèvent le récit d’une façon ou d’une autre. L’histoire n’a donc pas de fin, créez donc la votre !

Mon avis :
Le récit s’ouvre en la compagnie des comédiens sur leur « charrette ». Ce passage est rédigé dans un style qui fait référence au genre épique ce qui place d’emblée le décor : nous nous trouvons face à une parodie humoristique et pas besoin d’analyser le titre pour s’en rendre compte ! Le comique est un point crucial du livre et a posteriori c’est l’élément qui m’a le plus frappée. Je me suis beaucoup amusée des déconvenues de Ragotin et des pitreries de la Rancune, parfois même je ne pouvais pas me retenir de rire derrière mon livre. Le style de l’auteur, sa façon de décrire des événements pitoyables avec des grands mots est délicieuse. Certains passages comme une chute de cheval de Ragotin sont des petits bijoux de grotesque et de dérision.
Scarron narre le périple d’une bande de comédiens comme s’ils étaient de grands seigneurs ou des guerriers grecs alors que cette « classe sociale » est l’une des plus basses. Ainsi en plus d’introduire la parodie, l’ironie et le comique en général, il nous livre un portrait singulier de cette population. Le langage utilisé est celui du peuple ce qui contribue à alimenter un sentiment de vérité. Le sujet en général ne va d’ailleurs pas sans nous rappeler Rabelais qui évoquait avec brio le peuple par le rapport au corps. Ainsi Le Roman Comique est truffé de rapports au corps et c’est un second siège du comique : on rit  simplement. Quelqu’un qui se prend un coup de bâton, un autre qui se fait charger par un bélier ou encore enfermer dans un coffre et le lecteur s’esclaffe. Le tout semble naturel et nous évoque les valets de Molière qui se faisaient rosser à coup de bâton. C’est un des aspects du livre qui peut retenir l’attention : il mêle deux niveaux de rires, le rire intellectuel et le rire spontané.
On peut aussi trouver dans cet ouvrage une part autobiographique puisque deux personnages peuvent nous rappeler certains épisodes de la vie de Scarron à savoir le Destin et Ragotin. Tout d'abord la ville du Mans est bien connue de l'auteur puisqu'il y a séjourné, ensuite il faut savoir que l'auteur souffrait d'une maladie dégénérative qui entamait son physique jusqu'à le rendre laid et impotent ce qui l'avait contraint à s'éloigner de la Cour parisienne. Ainsi le Destin est un personnage jeune et beau qui illustre Scarron dans sa jeunesse et Ragotin un petit homme maladroit.
Concernant la fin inachevée beaucoup d’éditions proposent à notre lecture les suites célèbres qui ont été données au texte comme celle d’Offray (1663), celle de Préchac (1679), celle de Champmeslé et La Fontaine (1684) et d’autres encore. J’ai apprécié lire ces exercices de style mais il faut bien sûr les appréhender avec un certain recul car elles ne sont pas authentiques. Quoiqu’il en soit, quitter ces personnages en milieu de chemin n’est pas désagréable et permet finalement à notre imagination de faire le sien !

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  • Le Virgile Travesti

3 commentaires:

  1. Désolée je vais poster un commentaire qui n'a aucun rapport avec l'article ^^. Donc c'est pour te dire que le challenge est à la dernière page de mon blog. Tu peux accéder aux différentes pages en descendant tout en bas et en cliquant sur 31 (page où il y a l'article où un autre numéro pour changer de page). Je te mets le lien de la page ici =) http://misss-bouquins.skyrock.com/31.html

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  2. Aujourd'hui que je viens d'avoir mon programme de littérature de khâgne, cet article m'intéresse particulièrement : Scarron est au programme de l'oral de l'ENS LSH, avec Jacques le Fataliste de Diderot.

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  3. J’aime votre franchise et votre fraicheur. Merci d’avoir pris le temps de lire ce livre pour nous en faire un résumé.

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