lundi 6 juin 2011

L'Orange Mécanique d'Anthony Burgess

Critique de L'Orange Mécanique d'Anthony Burgess



Résumé :
Quatrième de couverture : Le décor inquiétant de cette fable anti-utopique, nous le connaissons bien : c'est celui de la banlieue concentrationnaire qui va recouvrir peu à peu la surface habitable de la planète. Une immense zone urbaine d'ennui, de désolation et de peur.
Sur ce monde déshumanisé et ses habitants asservis, Alex, le voyou au charme pervers féru de musique classique et de langues anciennes, entend régner par la violence et la terreur.
A la fois tête de sa horde adolescente, il matraque, viole, brûle, torture, et s'acharne à détruire une société programmée pour le bonheur et le progrès. Archange du Mal à l'état pur, il hante à jamais les pages cruelles de cet inoubliable thriller métaphysique.
L’Orange Mécanique raconte bien plus qu’une période de la vie d’Alex, le narrateur du livre. L’auteur place son récit dans une ville indéterminée qui paraît grise et morne. Les gens partent travailler le matin et reviennent le soir pour regarder des programmes à la télévision. Quelle place est alors réservée à la jeunesse ? Aucune ! Ici, les jeunes ne sont que des adultes en devenir qu’il faut dresser et mater à la convenance.
Cependant, la nuit, des bandes d’adolescents se retrouvent dans les rues pour faire éclater la violence qu’ils contiennent en eux. Vols, passages à tabac, meurtres, viols, rien n’est assez insupportable pour les arrêter.
Alex le gourou de sa bande, amène chaque soirs ses « drougs » (amis) en ville pour terroriser les habitants qui se seraient trop attardés dans les rues jusqu’au jour où il apprend à ses dépends que même au pays de la peur il n’y a pas de leader.

Mon avis :
Surtout ne soyez pas surpris par la « NOTE DES TRADUCTEURS » qui viendra vous accueillir en début d’ouvrage. Le récit est rédigé dans la langue d’Alex et de ses amis le « parler nadsat » (c’est-à-dire le langage des jeunes) qui est un mélange de russe, de romani et d’autres influences. Si cela peut paraître déroutant dans un premier temps il ne faut pas s’y arrêter et faire un blocage, les mots nadsat employés reviennent souvent et il est facile de les mémoriser. J’ai cru qu’il faudrait que je consulte sans cesse le lexique à la fin du livre mais en réalité on s’y acclimate très vite. Cette spécificité donne un cachet supplémentaire au livre puisque nous lecteurs, sommes plongés dans l’univers d’Alex. On comprend son langage alors que d’autres personnages semblent tiquer quand ils entendent ses mots et de là vient une partie du fait que malgré les actes terribles du narrateur, on ne peut s’empêcher de le voir sous un œil bienveillant et fraternel.
J’ai aussi été frappée par le titre qui m’a tout d’abord semblé étrange. Qu’est-ce qu’il signifie ? En réalité c’est tout simple, l’orange est un fruit, il faut le mettre en relation avec l’humain qui lui aussi est un fruit de la nature. Si une orange est mécanique, elle cesse d’être orange car elle n’est plus le fruit de la nature, de même que si un homme est mécanique, il cesse d’être homme. C’est exactement la problématique du livre. Alex devient une orange mécanique. Le voyou charismatique se transforme en simple jouet qui passe de main en main.
Je me suis donc représenté ce livre comme un cliché d’une société dégénérée. Par le thème de l’homme mécanique, Anthony Burgess nous invite à nous questionner sur la problématique du choix : peut-on être bon ou mauvais alors que nous ne pouvons pas décider de notre conduite ? Est-on encore homme si chacun de nos gestes est déterminé ?
Certains passages nous rappellent étrangement des pratiques qui existent ou ont existé dans notre société comme la manipulation médiatique, les prisons surchargées, la dépossession de soi lorsque notre identité devient un simple numéro ou encore le scandale de la lobotomie. L’Orange mécanique est donc un de ces livres qui nous crient de toujours développer notre esprit critique seul garant de notre liberté.
Vous aimerez peut-être aussi:
  • Vol au-dessus d'un nid de coucou de Ken Kesey
  • Surveiller et punir de Michel Foucault
Du même auteur:
  • Le Testament de l'Orange
  • Le Royaume des Mécréants
  • Sur le lit

7 commentaires:

  1. Ben pour le coup, tu me donnes envie de lire ce foutu bouquin et de changer d'avis sur l'histoire. j'avais détesté le film que je trouve mal fait et sordide. Mais sous la pluie il doit davantage laissé le choix d'interprétation qu'à l'écran.

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  2. Je ne suis pas d'accord, le film est excellent et le fait qu'il soit sordide est voulu car c'est d'une histoire sordide dont il s'agit.

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  3. Personnellement j'ai adoré le film aussi qui est, à mon sens, remarquablement bien adapté!

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  4. Aaaah cela fait super longtemps que je veux lire ce bouquin, et ta chronique me donne vraiment envie.

    Le film est super. Enfin Kubrick quoi..

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  5. Petit passage de courtoisie pour te remercier de ton message (mieux vaut tard que jamais...) et lire ta critique, très sympathique! Effectivement il faut toujours garder l'oeil ouvert, les dérives et la manipulation, ça n'existe pas que dans la fiction... Et des livres comme celui-ci sont là pour nous le rappeler.

    Quant au film, c'est un chef d'oeuvre!

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  6. J'ai enfin lu cette œuvre ! Je n'avais jamais vu le film de Kubrick à part quelques extraits par-ci par-là et le bouquin ne me tentait pas plus que cela mais l'article que tu avais fait dessus m'avait donné envie de le lire.
    Ça se lit vite dans l'ensemble, on se fait rapidement au langage du narrateur. Concernant le traitement qu'on faisait subir au narrateur, j'ai tout de suite fait le lien avec le conditionnement classique de Pavlov, j'ai trouvé que c'était une façon assez intéressante d'aborder la thématique.
    Par contre j'avoue que je m'attendais à une fin plus gore ou tout au moins plus tragique mais en fait...non rien de tout ça. Remarque ce n'est pas plus mal, elle reste soft sans pour autant tomber dans cliché, elle reste relativement crédible.

    Maintenant je n'ai plus qu'à voir le film.

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  7. Coucou, bon en tant que partenaire me voilà sur ton blog. Je remarque qu'on a pas beaucoup de lectures en commun. Mais je suis contente de te compter dans mon petit cercle d'amis ^^.

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