Résumé :
Quatrième de couverture : Dans une maison de santé, une redoutable infirmière, "La Chef", terrorise ses pensionnaires et fait régner, grâce à un arsenal de "traitements de choc", un ordre de fer, les réduisant à une existence quasi végétative. Surgit alors McMurphy, un colosse irlandais, braillard et remuant, qui a choisi l'asile pour échapper à la prison. Révolté par la docilité de ses compagnons à l'égard de "La Chef", il décide d'engager une lutte qui, commencée à la façon d'un jeu, devient peu à peu implacable et tragique.
Publié pour la première fois en France en 1963 sous le titre La machine à brouillard, ce livre, rendu célèbre par le film de Milos Forman, est devenu un classique, traduit dans le monde entier et vendu à des millions d'exemplaires dans son pays d'origine. C'était le premier roman de Ken Kesey, chef de file des "Easy Riders", qui a disparu en novembre 2001.
L'arrivée de McMurphy perturbe la vie très réglée d'un asile psychiatrique et de ses pensionnaires. Cet homme, joueur, fauteur de trouble et coureur de jupon, pense y trouver un quotidien plus supportable que celui qu'il a connu en prison. C'est sans compter sur l'autorité de l'infirmière crispée qui dirige la structure d'une main de fer. Il se fait un devoir de perturber la routine des patients, provoquant peu à peu un désordre incontrôlé. Bromden, le pensionnaire indien que tout le monde croit sourd et muet nous raconte ce combat implacable et tragique entre McMurphy et La Chef.
Mon avis :
Passionnée par le film, j'avais prévu depuis longtemps de me lancer dans la lecture du livre d'autant plus que Ken Kesey était assez proche du mouvement de la Beat Generation que j'affectionne particulièrement. Maintenant que c'est chose faite, je peux d'ores et déjà annoncer que le film mérite son succès : un savant choix de scènes permet de rendre toute la complexité du récit sans le trahir par un traitement trop superficiel.
L'arrivée de McMurphy à l'asile fait office d'élément déclencheur. D'emblée il apparaît comme étant radicalement différent de tous les autres pensionnaires. Il est à l'aise en société et n'hésite pas à dire ce qu'il pense en toute circonstance. De plus, il ne doit pas sa présence à un quelconque trouble mental mais à un désir d'échapper au quotidien pénitentiaire.
Il arrive et se place directement en tant que rival de La Chef, l'infirmière tyrannique. On peut remarquer que ces personnages sont radicalement opposés. D'abord La Chef est une femme et McMurphy un homme, ensuite celui-ci s'affirme en tant que tel alors que l'infirmière tente sans cesse de cacher sa féminité sous son ample blouse blanche. L'infirmière est également décrite comme ayant un visage de poupée, lisse et cireux alors que McMurphy lui, arbore de multiples cicatrices et des expressions rugueuses. Et si la colère de La Chef est toujours silencieuse, celle de l'irlandais tend immanquablement à s'exprimer. Tous ces facteurs d'opposition (et il y en a encore d'autres dans le livre) marquent une coexistence fondamentalement impossible. Ce constat n'a qu'une seule issue : une lutte qui se terminera par la survie d'un caractère au détriment de l'autre. A partir du moment où cet enjeu est clairement posé, le lecteur assiste à une montée en tension graduelle qui rappelle celle des tragédies grecques.
La violence brute de McMurphy doit alors triompher de la violence latente de La Chef. Malheureusement l'irlandais est au pied du mur car si il décide de lutter il sera transféré au pavillon des Agités - ces patients déclarés violents et destinés aux électrochocs et à la lobotomie - sachant que sa nature l'empêche d'adopter un comportement de victime. Il sera donc amené à commettre toute une série d'actions suicide.
"Vaincre ou mourir" est une citation des Liaisons Dangereuses de Laclos qui conviendrait bien au roman qui nous occupe. En effet, Vol au-dessus d'un nid de coucou nous raconte l'histoire d'une impossible fuite. McMurphy aura plusieurs occasions de s'enfuir mais il s'y refusera systématiquement malgré ses pressentiments et les conseils des autres pensionnaires de l'asile.
Ce récit qui dénonce des pratiques psychiatriques violentes et inhumaines comme la lobotomie et les électrochocs a touché l'Amérique entière et sensibilisé de nombreuses personnes à ce problème. L'histoire est construite comme une longue et inexorable descente aux enfers et cette précision quasi mathématique révèle de la prouesse quand on sait que cette œuvre est un premier roman. Le choix du narrateur à savoir Bromden l'indien est aussi judicieux puisqu'il pose également des questions en filigrane sur la condition des indiens en Amérique. Les mots de Bromden sont percutants et émotionnellement forts au fur et à mesure que l'on avance dans le texte ce qui montre une évolution positive du narrateur qui sera la représentation personnifiée d'un horizon d'espoir.
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Publié pour la première fois en France en 1963 sous le titre La machine à brouillard, ce livre, rendu célèbre par le film de Milos Forman, est devenu un classique, traduit dans le monde entier et vendu à des millions d'exemplaires dans son pays d'origine. C'était le premier roman de Ken Kesey, chef de file des "Easy Riders", qui a disparu en novembre 2001.
L'arrivée de McMurphy perturbe la vie très réglée d'un asile psychiatrique et de ses pensionnaires. Cet homme, joueur, fauteur de trouble et coureur de jupon, pense y trouver un quotidien plus supportable que celui qu'il a connu en prison. C'est sans compter sur l'autorité de l'infirmière crispée qui dirige la structure d'une main de fer. Il se fait un devoir de perturber la routine des patients, provoquant peu à peu un désordre incontrôlé. Bromden, le pensionnaire indien que tout le monde croit sourd et muet nous raconte ce combat implacable et tragique entre McMurphy et La Chef.
Mon avis :
Passionnée par le film, j'avais prévu depuis longtemps de me lancer dans la lecture du livre d'autant plus que Ken Kesey était assez proche du mouvement de la Beat Generation que j'affectionne particulièrement. Maintenant que c'est chose faite, je peux d'ores et déjà annoncer que le film mérite son succès : un savant choix de scènes permet de rendre toute la complexité du récit sans le trahir par un traitement trop superficiel.
L'arrivée de McMurphy à l'asile fait office d'élément déclencheur. D'emblée il apparaît comme étant radicalement différent de tous les autres pensionnaires. Il est à l'aise en société et n'hésite pas à dire ce qu'il pense en toute circonstance. De plus, il ne doit pas sa présence à un quelconque trouble mental mais à un désir d'échapper au quotidien pénitentiaire.
Il arrive et se place directement en tant que rival de La Chef, l'infirmière tyrannique. On peut remarquer que ces personnages sont radicalement opposés. D'abord La Chef est une femme et McMurphy un homme, ensuite celui-ci s'affirme en tant que tel alors que l'infirmière tente sans cesse de cacher sa féminité sous son ample blouse blanche. L'infirmière est également décrite comme ayant un visage de poupée, lisse et cireux alors que McMurphy lui, arbore de multiples cicatrices et des expressions rugueuses. Et si la colère de La Chef est toujours silencieuse, celle de l'irlandais tend immanquablement à s'exprimer. Tous ces facteurs d'opposition (et il y en a encore d'autres dans le livre) marquent une coexistence fondamentalement impossible. Ce constat n'a qu'une seule issue : une lutte qui se terminera par la survie d'un caractère au détriment de l'autre. A partir du moment où cet enjeu est clairement posé, le lecteur assiste à une montée en tension graduelle qui rappelle celle des tragédies grecques.
La violence brute de McMurphy doit alors triompher de la violence latente de La Chef. Malheureusement l'irlandais est au pied du mur car si il décide de lutter il sera transféré au pavillon des Agités - ces patients déclarés violents et destinés aux électrochocs et à la lobotomie - sachant que sa nature l'empêche d'adopter un comportement de victime. Il sera donc amené à commettre toute une série d'actions suicide.
"Vaincre ou mourir" est une citation des Liaisons Dangereuses de Laclos qui conviendrait bien au roman qui nous occupe. En effet, Vol au-dessus d'un nid de coucou nous raconte l'histoire d'une impossible fuite. McMurphy aura plusieurs occasions de s'enfuir mais il s'y refusera systématiquement malgré ses pressentiments et les conseils des autres pensionnaires de l'asile.
Ce récit qui dénonce des pratiques psychiatriques violentes et inhumaines comme la lobotomie et les électrochocs a touché l'Amérique entière et sensibilisé de nombreuses personnes à ce problème. L'histoire est construite comme une longue et inexorable descente aux enfers et cette précision quasi mathématique révèle de la prouesse quand on sait que cette œuvre est un premier roman. Le choix du narrateur à savoir Bromden l'indien est aussi judicieux puisqu'il pose également des questions en filigrane sur la condition des indiens en Amérique. Les mots de Bromden sont percutants et émotionnellement forts au fur et à mesure que l'on avance dans le texte ce qui montre une évolution positive du narrateur qui sera la représentation personnifiée d'un horizon d'espoir.
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J'ai vu le film, comme toi :) Sans doute un de mes préférés. Est-ce que Miss Ratchet est aussi haïssable dans le roman ? Je dois avouer que je ne peux jamais m'empêcher de jubiler quand, dans le film, McMurphy étrangle cette ***** d'infirmière. Moi, violent ? Jamais... :P Merci en tout cas pour cette chronique !
RépondreSupprimerJ'ai aimé le film, j'ai adoré le livre. Il fait parti de mon top ten, d'ailleurs il est en number one !!!
RépondreSupprimer@Sixte : Oui dans le livre elle est tout aussi haïssable! D'ailleurs elle est vraiment très bien jouée dans le film!
RépondreSupprimer@Fleurdusoleil : Oui c'est un livre et un film culte!
Je ne savais pas que ce film, que j'ai beaucoup aimé, était une adaptation de livre. Merci donc pour ce billet que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt (et qui m'a donné envie de le lire dès que l'occasion se présentera!)
RépondreSupprimerJ'ai adoré le film, vu il y a peu, donc je me sens obligée de le mettre dans ma wishlist!
RépondreSupprimerD'ailleurs je pense que je vais vite me lancer dans sa lecture.