Résumé :
Quatrième de couverture : Le capitaine de la frégate Richard Bolitho, en ce mois de janvier 1782, aurait dû être porté par la seule fierté d'aller prêter main-forte aux corsaires de la Révolution américaine naviguant au large des Caraïbes. Las!, son équipage est au bord de la mutinerie. Ces hommes, gueux, meurtriers ou paysans arrachés à leur terre à coups de gourdin, vont côtoyer le pire : chefs hagards couverts de débris humains, compagnons au ventre ouvert s'arrachant les entrailles pour en finir, membres tranchés glissant dans la mélasse pourpre... Oui, le jeune Bolitho aurait dû être fier. En aura-t-il seulement le temps?
Richard Bolitho reprend le commandement de la Phalarope une frégate belle et puissante mais dont l'équipage est sur le point de se mutiner. Saura-t-il gagner la confiance de son équipage pour parvenir à mener à bien sa mission de soutien aux révolutionnaires américains? Le voyage réserve à Bolitho et à son équipage bien des surprises et on devine que ce qui les attend est bien pire qu'un petit mal de mer...
J'ai toujours été fascinée par les récits d'aventures en mer. La couverture de ce bouquin m'a immédiatement attirée chez mon libraire d'autant plus qu'Alexander Kent était apparemment l'un des plus grands maîtres du genre. J'étais donc très enthousiaste à l'idée de lire ce livre qui promettait d'être très divertissant et entraînant.
Cap sur la gloire est le premier tome des aventures de Richard Bolitho qui s'étalent sur 22 ouvrages. On est donc face à une large fresque maritime. Je me suis beaucoup attachée au héros Bolitho qui représente tout à fait l'archétype du bon capitaine de navire ayant un grand sens de l'honneur et du devoir et étant toujours respectueux de ses hommes. Il est souvent difficile de peindre un personnage héroïque et bon qui soit suffisamment profond pour ne pas paraître artificiel et vide. Ici, Bolitho connaît des moments de doute et parfois il semble totalement perdu : ce sont précisément ces errances qui le grandissent comme Ulysse pleurant sur son sort ou affrontant les dieux par hybris.
L'intrigue du livre est ancré dans une réalité historique. En effet, le récit débute en janvier 1782 dans le cadre d'un conflit qui oppose la flotte anglaise à la flotte française entre autre. Il n'y a aucune présence de surnaturel, de légendes de marins peuplées de monstres aquatiques ou de trésors cachés. À bord de la Phalarope - la frégate sous le commandement de Bolitho - il n'y a de place que pour la réalité froide et cruelle. J'ai beaucoup apprécié cette attention portée à un certain réalisme loin des stéréotypes habituels et communs des récits maritimes. J'ai eu l'impression de me retrouver embarquée dans toute l'horreur d'un conflit historique et réel, proches de ces hommes ayant lutté à bord de bateaux perdus sur les mers.
Mutineries, conflits sur le pont des bateaux, jeunes mousses éventrés ou décapités : Cap sur la gloire est aussi un roman qui assume pleinement une partie des poncifs du genre des voyages fictifs en mer. Le lecteur est happé dans l'aventure tout au long du texte et l'intrigue ne laisse aucune place à l'ennui car les événements se succèdent à un rythme effréné et délirant. Perdant tout contrôle, les personnages sont souvent emportés par des péripéties meurtrières ou salvatrices qui passionneront le lecteur jusqu'à la dernière page.
L'écriture est tout de même très soignée. L'auteur réalise de magnifiques descriptions des batailles et des bateaux. Il s'applique aussi parfois à nous faire entrer dans l'intériorité des personnages pour les moments de doutes et de tension. J'ai été séduite par l'utilisation massive de termes de navigation - noms des voiles des bateaux, des aménagements de bord ou encore termes se référant aux manoeuvres militaires de la flotte : grâce à cette lecture, vous saurez tout sur le vocabulaire technique maritime! En tout cas cela contribue largement à dépayser le lecteur et à favoriser l'imagination.
Bolitho n'est pas le seul personnage important. Autour de lui, on a beaucoup de personnages secondaires cruciaux comme son père, son frère et certains membres de l'équipage de la Phalarope. L'auteur parvient à donner à beaucoup d'entre eux des caractères distincts et construits qui empêchent radicalement toute interprétation manichéenne des faits de chacun. On s'attache très vite aux matelots méritants parfois injustement condamnés et fouettés pour des erreurs qu'ils n'ont pas commises. Beaucoup de scènes intenses m'ont fascinée et littéralement entraînée dans l'intrigue.
Cependant ce texte n'est pas une invitation au voyage et à l'évasion, c'est bien davantage un texte dur qui nous présente une froide réalité que personne n'aimerait vivre. Alexander Kent s'appelle en réalité Douglas Reeman. Très jeune, il est engagé à la Royal Navy où il travaillera durant la Seconde Guerre mondiale. Alexander Kent est le nom d'un de ses amis décédé en mer. L'ambition de l'auteur n'est donc pas de faire rêver ses lecteurs avec des récits d'évasion poétiques et exotiques. Il nous montre au contraire l'horreur du quotidien sur un bateau de guerre : la saleté, le manque de vivres, le manque de liens familiaux et sociaux, la menace constante du fouet et la compétition entre matelots sont autant d'inconforts et de dangers permanents. Finalement, le bateau est représenté comme une prison. Il n'y a aucune possibilité d'échappatoire et chacun y est pratiquement déchu de sa condition humaine. On le voit nettement au début du livre dans le chapitre "Gare à la Presse!" qui met en scène la difficulté qu'il y a à recruter des matelots étant donné que tous les hommes valides fuient à l'approche des navires de guerre près des côtes. En effet, ils ne veulent pas être arrachés à leur travail et à leur famille : quoi de plus naturel? Il est donc difficile d'imaginer ici des centaines de jeunes hommes volontaires rêvant de voyages, d'îles inconnues et de belles étrangères.
J'ai été totalement séduite par ce premier tome de la saga des aventures de Richard Bolitho que je compte naturellement poursuivre dès que l'occasion se présentera. D'ailleurs je ne conteste pas les propos du New York Times concernant Alexander Kent présenté comme "le maître incontesté du roman d'aventures maritimes", c'est une thèse que l'on pourrait certainement soutenir!
Du même auteur :
- Capitaine de Sa Majesté
- Mutinerie à bord
- Victoire oblige
- L'île au trésor de Stevenson
- La Mer cruelle de Monsarrat
- H.M.S. Ulysses d'Alistair Mc Lean
Oh, ça m'a l'air bien fascinant!
RépondreSupprimerPauline,
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