Résumé :
Quatrième de couverture : "Victor a les cheveux noirs, comme les poils que sa mère cachait sous ses bras ; il ne porte pas de lunettes, comme le chat qu'il n'a jamais eu lorsqu'il était enfant ; il s'est mis à ronfler sur le tard, comme à jouer aux échecs et à écrire des livres. Car Victor écrit. Pas beaucoup. Juste ce qu'il faut pour n'être pas complètement chômeur." Ecriv. ch. pl. concierge. C'est avec cette petite annonce que Victor, jeune écrivain paresseux et sans le sou, a décidé de trouver du boulot. Concierge, n'est-ce pas l'occupation idéale pour écrire au calme? Surtout quand il s'agit simplement de garder un château, perdu au milieu de la campagne. Mais la campagne n'est plus ce qu'elle était. Bien sûr, il reste les fermes en pierres de taille, les bouses de vache, l'herbe humide sous les pieds nus. Mais il faut ajouter à cela les trajets de bus interminables, les mariages qui tournent mal, les mobylettes et les motos, les filles en tenue de tennis, et, par-dessus tout, un lapin en peluche et un ours amateur de gâteaux au chocolat. On le comprend, au milieu de tout ça, Victor n'a plus vraiment ni le temps, ni l'envie d'écrire.
Entre une petite chambre dont le loyer est en "stand by" depuis quelques mois, les flâneries dans la ville ou encore les jeunes filles qui ne rappellent pas, difficile de trouver le temps d'écrire! Que penser alors d'une place sympa en tant que concierge dans un château? Intéressant pour se poser et se mettre au travail à tête reposée. Mais voilà, l'écrivain n'est pas au bout de ses surprises : son collègue majordome est un lapin en peluche et il aura pour hôte... un ours brun! Et si c'était l'imagination qui lui jouait un tour?
J'ai lu ce livre dans le cadre d'une rencontre avec mon club de lecture Lire @ Montpellier et l'auteur s'était manifesté pour venir à cette séance sur le thème de la littérature belge. Malheureusement, ce dernier nous a posé un lapin (en peluche) et c'était bien dommage car j'avais beaucoup de questions à lui poser!
J'ai énormément apprécié le début du livre qui effectue un effort narratif particulier pour entrer dans l'intériorité du personnage. Le lecteur évolue véritablement avec lui dans sa démarche de poser une petite annonce au journal : on attend la réponse et on se demande aussi si la jolie fille de l'accueil va rappeler bien que la technique de drague de notre écrivain soit assez maladroite. L'auteur semble s'inspirer des techniques de monologue intérieur pour nous faire suivre le flux des pensées du personnage. J'ai beaucoup aimé cette façon d'écrire qui m'a poussée très rapidement à avoir de la sympathie pour ce personnage malgré son existence de looser un peu pathétique.
Cependant, dès que l'écrivain trouve sa place de concierge dans le fameux château, les choses se corsent avec l'arrivée soudaine d'un lapin en peluche animé et parlant. Le début du récit étant tout à fait réaliste et vraisemblable, le lecteur est happé dans une suite d'événements qu'il n'attendait pas et auxquelles il n'était pas du tout préparé. J'ai été très sceptique face à ce retournement de situation très spécial consistant à introduire des éléments complètement absurdes et irréels dans l'histoire. Je pense qu'à ce stade là, il ne faut pas trop se poser de questions et continuer la lecture du texte en se laissant aller sans trop essayer de rationaliser. Rapidement, on arrive à une surabondance de nouvelles figures fantastiques : les phoques et les pingouins gangsters, l'ours fan de chocolat et j'en passe de meilleures. Honnêtement j'ai été emportée dans un fouillis indescriptible sans trop comprendre ce qu'il se passait, ce qu'on essayait de me transmettre par cet enchevêtrement de situations toutes aussi absurdes les unes que les autres!
On retrouve l'image du lapin blanc qui rappelle le monde d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. À partir de là, on pense immédiatement à la frontière entre le réel et l'imagination. L'arrivée au château de l'écrivain symbolise donc peut-être ce passage de l'autre côté du miroir. En effet, ce dernier ne parvenait pas à écrire dans son univers quotidien d'où la nécessité d'habiter un nouvel espace plus propice à l'épanchement de l'imagination et à la création. Il me semble que c'est un des sens que l'on peut extraire de l'irruption soudaine de figures fantastiques dans le récit. C'est là certainement une illustration intéressante d'une vision du processus d'écriture : laisser librement courir son imagination pour ensuite tisser des intrigues et un canevas de base qui fassent sens. Ici, l'écrivain est dans un travail d'imagination étant donné qu'à aucun moment dans le livre il n'est mis en scène en train d'écrire. J'ai trouvé ce paradoxe assez intéressant : le personnage n'est donc ni pleinement concierge ni pleinement écrivain.
Finalement, cet ouvrage m'a profondément surprise, c'est une lecture à laquelle je ne m'attendais pas du tout. J'ai été déçue au départ par cette plongée dans l'absurde et dans le fantastique, mais après réflexion, il y a là de quoi donner à penser. Je conseille donc ce petit texte à tous ceux qui n'ont pas peur de se laisser embarquer dans des aventures folles qui les dépassent totalement.
Du même auteur :
- Les ours n'ont pas de problèmes de parking
- Nous sommes tous des playmobiles
- Quatrième étage
- Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll
Il nous a posé un lapin (en peluche) loool, c'était peut-être fait exprès qui sait ? :p
RépondreSupprimerIl est que j'ai comme toi apprécié le début, mais il est clair que dés l'arrive du lapin en peluche... ça se gâte ! Quoi que la fin avec les phoques et les pingouins m'aient presque fait sourire. Sûrement parce qu'au bout d'un moment j'ai arrêté d'essayer de comprendre et j'ai lâché prise, mais il m'aurait fallut du temps !
Ta dernière phrase correspond très bien à ce que je ressens pour ce livre : Il me dépasse totalement :p
Bisous ^^
La fin m'a fait sourire aussi tellement on avait versé dans l'absurde le plus total :)
SupprimerJ'ai donc trouvé tout de même beaucoup d'intérêt à ce livre ^
je ne connais pas, mais ça m'intéresse !!!
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