samedi 6 août 2011

En avant, route! d'Alix de Saint-André

Critique de En avant, route! d'Alix de Saint-André

Résumé :
Quatrième de couverture : Pèlerine multirécidiviste, peu douée pour la marche et accrochée à ses cigarettes, Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. D'abord, depuis Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le "chemin français", où s'envolèrent ses idées de méditation solitaire dans des refuges surpeuplés ; puis, de La Corogne jusqu'à Finisterre, sur le "chemin anglais" ; et enfin depuis les bords de la Loire, pour accomplir ce que les Espagnols appellent "le vrai chemin", celui qu'on doit faire en partant de chez soi...
Des paysages sublimes en banlieues pittoresques, elle a rejoint ce peuple de marcheurs de tous pays, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, qui se retrouvent pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine sur laquelle elle porte un regard à la fois affectueux et espiègle.
Ce qu'Alix de Saint-André nous propose à travers cet ouvrage, c'est de marcher avec elle. Au jour le jour, le lecteur attentif et discret partage les peines, les douleurs, les joies ou encore les révélations qui jalonnent son chemin de pèlerine. Sur le chemin, "el camino" comme disent les Espagnols elle va rencontrer des gens, croiser des destins et s'attarder ici où là pour découvrir petit à petit le vrai sens du chemin : le pas que l'on effectue vers l'autre. Elle nous raconte des anecdotes, brosse le portrait de Pascal et de son âne Pompon, celui de Carlos ou encore celui de Rodrigo et de Paco, autant d'individus très différents et qui se retrouvent pourtant là : au même endroit au même moment. Chacun a des motivations diverses et des attentes secrètes comme chacun possède ses raisons de marcher vers Compostelle.
En avant, route! fait figure de récit vivant qui nous entraîne loin de la routine quotidienne, dans les montagnes et dans la poussière du chemin foulé depuis des siècles vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Alors que de plus en plus, la société encourage l'individualisme, l'auteur nous propose de rompre avec ce schéma pour se tourner vers l'autre.

Mon avis :
Depuis que j'ai vu que ce livre sortait dans ma librairie en format poche, je n'ai eu qu'une seule envie : me le procurer au plus vite et entamer sa lecture. Grande passionnée de voyage à pied ou "petit budget" en général j'ai toujours été attirée par l'idée de pèlerinage. C'est d'ailleurs grâce à un voyage que j'ai trouvé la foi. Sans pour autant me ranger au sein de telle ou telle religion je me considère donc comme croyante et pour moi, si Dieu devait s'incarner dans une idée, se serait l'idée du contact, de la transmission et de la communication. A mon sens le contact et la communication avec soi-même et autrui quel qu'il soit sont les fondements de toute spiritualité. 
Le voyage permet cette rencontre. Si Alix de Saint-André n'avait au début qu'un seul objectif : parvenir à Compostelle, elle a très vite compris que là n'était pas le sens profond du voyage. L'arrivée d'un point A à un point B n'est en somme pas l'essentiel, l'important réside dans le chemin parcouru :  ce qu'il nous a apporté pour nous permettre à nous et aux autres d'évoluer. Au fil des pages, cette dimension devient de plus en plus présente. Dans un premier temps, l'auteur envisageait le chemin comme une quête spirituelle personnelle, une longue méditation en solitaire mais peu à peu, elle se rend compte que cette image est faussée. Le pèlerinage s'accomplit parmi et avec les autres. Elle rencontre des pèlerins de toutes les langues et de toutes les cultures et apprend à ses dépends que l'une des fautes les plus graves chez le pèlerin consiste à abandonner un compagnon de route, c'est-à-dire refuser l'autre. Cette erreur, elle la fera au cours de son premier voyage. Ainsi, la partie du livre consacrée à ce second pèlerinage s'ouvre avec une citation liminaire de René de la Coste Messelière : "Le crime de non-assistance était particulièrement grave entre pèlerins : l'abandon d'un compagnon de route fatigué ou malade ne pouvait le plus souvent être absous qu'au prix d'un second pèlerinage".
Une belle leçon d'humanité sur fond d'anecdotes piquantes et franche rigolade! Je conseille donc à tous cet ouvrage à la fois très divertissant et très instructif. Quant à moi, je fais des projets : je me trouve un âne, un itinéraire, un sac et quand le moment sera venu, j'irai à Compostelle!

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1 commentaire:

  1. Sans être croyante, j'ai trouvé ce livre très intéressant par rapport aux idées que l'auteur fait passer !

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