Firmin de Sam Savage

Critique de Firmin de Sam Savage

Résumé :

Quatrième de couverture : Firmin, autobiographie d'un grignoteur de livres raconte l'histoire d'un rongeur érudit qui a vu le jour dans les sous-sols d'une librairie de Scollay-Square, vieux quartier en péril du Boston des années 1960. Plein d'appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres, Firmin ne peut communiquer tous ses coups de coeur ni exprimer ses détresses. Il voit avec révolte se déliter sa race comme son quartier, cernés par l'incompréhension des hommes et les mécanismes du profit. Mais la rencontre avec un romancier marginal le sauve du pessimisme ambiant. C'est un hommage aux valeurs de l'écrit et aux singularités de toutes les espèces, l'aventure de Firmin est aussi un intéressant trait d'union entre littérature, exclusion et résistance.

Firmin est né dans une librairie en même temps qu'une grande portée de ses frères et soeurs. Très tôt il goûte donc au papier encré des livres qui devient peu à peu sa principale nourriture. Firmin est différent des autres rats : il ne s'intéresse pas aux rues sales dans la nuit, ni aux poubelles remplies de sandwichs entamés et de bouteilles de bières en verre. Lui, ce qui l'intéresse, c'est surtout de sortir au cinéma le soir pour regarder les films pornographiques diffusés après minuit et observer le gérant de la librairie où il habite pour tenter de devenir son ami. Mais être un rat de librairie n'est pas de tout repos et Firmin sera confronté à de nombreux problèmes.

Mon avis :

J'ai découvert ce livre un peu par hasard et j'ai été intriguée par le sous-titre : "autobiographie d'un grignoteur de livre". Je me suis dit que c'était intéressant de choisir un protagoniste qui soit l'incarnation du fameux "rat de bibliothèque", cette périphrase bien connue désignant implicitement les lecteurs. Je trouve que c'est un clin d'oeil intéressant qui facilite l'identification au personnage du rat qui, bien naturellement, ne va pas de soi. Ainsi, on passe de bon moment à se reconnaître dans ce petit rat qui prend beaucoup de plaisir à découvrir les grands classiques de la littérature française et mondiale au point de refuser de les manger!

Si vous cherchez un bouquin sympa pour s'aérer l'esprit entre deux classiques, ce livre est vraiment idéal! Il se lit très rapidement et le lecteur se laisse porter par les événements. J'ai apprécié la rencontre du rat avec le romancier marginal, j'ai trouvé que cette petite relation était très touchante. Les tentatives de Firmin pour attirer l'attention du libraire sont également savoureuses même si l'incompréhension et le mépris de ce dernier lui donneront pas mal de fil à retordre!

Le lecteur attentif prendra plaisir à reconnaître divers clins d'oeil de l'auteur autour de références  à la littérature française et mondiale parsemées dans le livre. Certaines références sont plus subtiles que d'autres mais l'auteur a su user de ce procédé avec parcimonie ce qui fait que le lecteur ne s'en lasse pas et qu'on ne tombe jamais dans quelque chose de trop gratuit ou lourd.

Si le ton général est léger, l'auteur pose tout de même des questions importantes et sérieuses comme la mort progressive et annoncée d'un quartier ou encore le mépris des hommes pour les autres formes de vie qui l'entourent et desquelles il ne sait pas reconnaitre la valeur. Je pense notamment au passage où la librairie dans laquelle Firmin est né ferme : une librairie qui ferme c'est un lieu d'échange et de transmission qui disparaît.

Finalement, Firmin se lit comme un petit conte tendre pour tous les publics. C'est une bonne découverte donc, mais il n'est pas indispensable à toutes les bibliothèques.

Du même auteur :

• La complainte du paresseux

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